Comme pour les sports mécaniques, il existe un lien qui uni horlogerie et espace. Dans un cas, on utilise des mécanismes toujours plus sophistiqués pour mesurer le temps et, dans l'autre, les technologies permettent aux hommes (les astronautes) de se rendre dans l'espace. Dans tous les cas, la précision et la technologie est au service de l'homme.
Il n'est donc pas étonnant de retrouver des modèles de montres très techniques au poignet des astronautes de tous pays. Ce sont donc les montres des astronautes qui nous intéressent dans cet article.
Moins connue que la Speedmaster, la première montre a être allé dans l'espace est russe de la marque Sturmanskie (aujourd'hui appelée Poljot).
Il s'agit d'une montre de pilote d'avion qui a été portée par Yuri Gagarin lors de l'essai réussi le 12 avril 1961.
Cette montre a été réédité de nombreuses fois et il est toujours possible de s'en procurer une neuve.
L'Omega Speedmaster Professionnal est la première montre à avoir été sur la Lune.
Contrairement à ce que l'on peut penser, c'est Buzz Aldrin qui l'a porté puisque Neil Armstrong ne portait pas de montre au moment où il a posé son pied sur le sol lunaire.
Depuis, l'Omega Speedmaster est connue comme étant la "Moon watch" ("Montre de la Lune") et un véritable culte tourne autour de cette montre toujours disponibles dans de nombreuses déclinaisons chez Omega.
Site : https://www.omegawatches.com/fr/
En 1975, le colonel Dave Scott rencontre un problème avec sa montre Omega Speedmaster au milieu de la mission spatiale américaine Apollo 15.
Il choisi alors d'utiliser sa propre montre qu'il avait emmené avec lui. Il s'agit d'une Bulova Lunar Pilot Chronograph qui propose les mêmes fonctions que la Speedmaster (chrono) et qui elle fonctionne parfaitement.
C'est un échec pour Omega et la consécration pour Bulova qui peut se targuer d'avoir aussi été sur la Lune.
La montre de Dave Scott a finalement été vendue aux enchères 1,6 millions de dollars en 2015. On dit qu'il y avait toujours de la poussière lunaire sur la Bulova.
Vous pouvez vous procurer une réédition officielle de cette montre avec un mouvement Accutron pour moins de 500€.
Site : https://intl.bulova.com/
Thomas Pesquet a choisi de porter une montre Omega Speedmaster Skywalker X-33 pour sa mission à bord de la station spatiale internationale (ISS). Il a aussi emmené une Speedmaster mécanique mais ne semble pas l'avoir utilisé sauf pour faire quelques photos avec.
Accompagné par Oleg Novitsky (Russie) et Peggy Whitson (USA), Thomas Pesquet est parti de Baïkonour en 2017 avec une Omega au poignet.
La montre est équipée d'un module quartz avec des fonctions spécialement prévues pour les vols dans l'espace : trois fuseaux horaires, trois alarmes, un calendrier perpétuel, un chronographe, un compte à rebours, et les fonctions MET (Mission Elapsed Time) et PET (Phase Elapsed Time).
Le calibre est également thermo-compensé ce qui lui permet de rester très précis même en cas de changement de température important (passage rapide du chaud ou froid et vice versa).
Cependant, ce choix ne doit pas oublier la montre bien française Yema Spationaute conçue au début des années 80 en partenariat avec le CNES (Centre National d'études spatiales) et qui a été portée par Jean-Loup Chrétien en 1982, ce qui en fait ma première montre française a être partie dans l'espace.
Aujourd'hui, l'héritage de cette montre se poursuit avec la Yema Spacegraf Zero-G (voir photo ci-dessus) qui propose un calibre quartz et un prix contenu qui en fait un bon choix pour commencer sa collection de montres de l'espace / moon watch.
Site : https://yema.com/
Depuis quelques années, la Chine développe un programme spatial et a déjà envoyé quelques hommes dans l'espace.
Pour les besoins de ces missions, les chinois se sont tournés vers la montre Fiyta Spacemaster spécialement développée pour les besoins dans l'espace.
Il s'agit d'une montre mécanique dans l'esprit, on l'imagine de la Speedmaster. Mais, loin d'être une simple copie, cette montre est très intéressante et adopte un style résolument différent ce qui lui donne une personnalité propre.
Si l'on ajoute à cela un calibre qui semble robuste et un prix plus accessible, on comprend pourquoi cette montre s'est vendue comme des petits pains. Une preuve de plus que l'horlogerie chinoise mérite une place dans toute collection de montres au même titre que les belles tocantes russes.
On note aussi que les taïkonautes, tel que Zhai Zhigang, ont utilisés d'autres modèles de chez Fiyta comme la Shenzhou V et la Shenzhou VI.
Site : https://fiyta.fr/
Durant les années 60, les russes ont largement utilisés des montres de deux marques : Sturmanskie et Strela. Sturmanskie a changé de nom et s'appelle aujourd'hui Poljot qui veut dire "pilote" en russe.
Une montre Sturmanskie sera également portée par Valentina Terechkova, la première femme a être allé dans l'espace.
Photo : chronographe Strela (réédition)
Mais, les cosmonautes aiment aussi beaucoup les montres suisses et un modèle semble particulièrement apprécié.
Il s'agit de la Fortis B-42 Chronograph. Fortis est une marque suisse et propose ce modèle concurrent de la Speedmaster réputé parfois plus solide.
Toujours dans un soucis de robustesse, des cosmonautes russes portent ou ont porté une montre Timex Ironman pour des missions spatiales..
L'histoire de la NASA et de l'horlogerie remontre au début des années 60.
La NASA cherche un modèle de montre avec fonction chronographe pour équiper les astronautes. Ils vont alors se procurer différent modèles de grandes marques et faire des tests.
L'objectif est de voir si les montres peuvent résister à des pressions différentes mais aussi si elles sont toujours aussi précise en gravité zéro.
L'Omega Speedmaster arrive en tête à l'issu des tests et tous les astronautes de la NASA reçoivent cette montre dans les années 60.
Depuis ces années, la plupart des astronautes utilisent une Speedmaster. C'est, par exemple, le cas de Chris Hadfield qui a chanté la chanson "Major Tom" de David Bowie dans l'espace :
La NASA a depuis homologué des montres bien plus abordables et, même, plus fiables.
Photo : l'astronaute Susan J. Helms et sa Casio DW-5600C
On pense naturellement à la montre Casio G-Shock dont plusieurs références sont reconnues et certifiées "vol dans l'espace" par la NASA : la DW-5600C (modèle avec boîter métal), la DW-5600E, la DW-5900, la DW-6900 et la Master G-9000.
Site : Casio DW-5600 de Susan et d'autres astronautes sur Amazon.fr
Enfin, il est bon de rappeler que d'autres marques de montres ont aussi contribuées à la conquête spatiale.
John Glenn, qui a été le premier américain à orbiter autour de la Terre en 1962, a utilisé un chronomètre de la marque Heuer (aujourd'hui, la marque s'appelle TAG Heuer).
Scott Carpenter en 1962 a porté une Breitling Navitimer lors de la mission NASA Aurora 7 (voir photo ci-dessus).
Alexeï Leonov, un russe, a été le premier à porter une montre sur sa combinaison spatiale extra-véhiculaire (pour sortir de la capsule dans l'espace) le 18 mars 1965. La montre était de la marque Strela et il est possible de se procurer une montre hommage à cet exploit.
Ed White, qui a été le premier américain à sortir dans l'espace le 3 juin 1965, a utilisé une Omega Speedmaster.
En 1983, Sally Ride est la première américaine à partir dans l'espace, elle porte une Seiko A829 quartz avec affichage à cristaux liquides.
Scott Kelly a établi un record en restant 342 jours dans l'espace. Pour réaliser cet exploit il a porté différentes montres dont une Omega Speedmaster classic Professionel et une Omega Speedmaster Skywalker X-33 qui une version avec double affichage analogue et digital. Il a également utilisé une Breitling Navitimer 1461 et une Breitling Heritage Superocean Chronograph.
Jack Swigert (Apollo 13), Ron Evans (Apollo 17) et Ed Mitchell (Apollo 14) ont embarqué (et sans doute utilisé) une Rolex GMT Master.
Susan J. Helms, une femme, a porté la Casio G-Shock DW-5600C et Thomas Reiter une Casio DW-5900.
Les montres des astronautes c'est super mais il est important de s'attarder quelques instants pour comprendre pourquoi il est important d'avoir une montre fiable dans l'espace.
Tout d'abord, il n'y a pas de cycle jour / nuit dans l'espace. La station spatiale internationale (ISS) tourne rapidement autour de la Terre ce qui provoque un cycle de 45 minutes de jour suivi de 45 minutes de nuit. Toutes les 24 heures il y a 16 levés et couchés de soleil. LEs premiers astronautes ne pouvaient donc pas se fier à cet élément pour savoir où ils en étaient dans la journée. Ils ont donc eu besoin de montres.
Les astronautes (ou spationautes en France) utilisent leur montre pour différentes choses.
La première chose évidente est la possibilité de chronométrer des opérations. Ensuite, la création d'une alarme est également utile. Certes, aujourd'hui, on peut faire cela sur un smartphone ou un ordinateur mais, le fait d'avoir toujours la montre à son poignet permet d'avoir toujours un œil sur le temps qui s'écoule.
C'est donc une information précieuse lorsque en sortie extra-véhiculaire (hors de la navette ou de la station spatiale).
Ensuite, les montres peuvent aussi afficher l'heure dans plusieurs fuseaux horaires. Dans la station spatiale internationale, il faut donc savoir qu'elle heure il est à Houston (Texas, USA) mais aussi à Moscou (Russie) en fonction de l'équipage et des demandes et objectifs de la mission.
Photo : image du film Apollo 13 qui montre un cas d'utilisation d'une montre dans l'espace
Pour expliquer le rôle critique d'une montre dans l'espace, il faut se souvenir de la mission catastrophe Apollo 13. Durant ces évènements, Apollo 13 a subit une avarie qui a endommagé le système électrique et réduit drastiquement les réserves en oxygène. L'horloge de l'ordinateur de bord s'est avérée également hors service.
D'après différentes sources, Jack Swigert a utilisé sa Rolex GMT pour mesurer le temps avec précision pour activer et désactiver les fusées qui contrôlent le vaisseau permettant son bon retour sur Terre. D'autres sources indiquent qu'il s'agit plus vraisemblablement d'une Omega Speedmaster. Mais, comme Jack Swigert avait les deux montres, on peut penser qu'il a utilisé les deux.
Voici un tableau récapitulatif des montres identifiées des astronautes connus :
Astronaute |
Pays |
Année |
Marque |
Modèle |
Yuri Gagarin |
Russie |
1961 |
Sturmanskie / Poljot |
sans nom |
John Glenn |
USA |
1962 |
Heuer |
Chronomètre (pas une montre) |
Scott Carpenter |
USA |
1962 |
Breitling |
Navitimer |
Valentina Terechkova |
Russie |
1963 |
Sturmanskie / Poljot |
sans nom |
Alexeï Leonov |
Russie |
1965 |
Strela |
sans nom |
Ed White |
USA |
1965 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Donn Eisele |
USA |
1968 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Neil Armstrong |
USA |
1969 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Buzz Aldrin |
USA |
1969 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Michael Collins |
USA |
1969 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Gene Cernan |
USA |
1969 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Thomas Stafford |
USA |
1969 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Jack Swigert |
USA |
1970 |
Rolex |
GMT Master |
Jim Lowel |
USA |
1970 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Fred Haise |
USA |
1970 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Ed Mitchell |
USA |
1971 |
Rolex |
GMT Master |
Ron Evans |
USA |
1972 |
Rolex |
GMT Master |
William R Pogue |
USA |
1973 |
Seiko |
6139 |
Dave Scott |
USA |
1975 |
Bulova |
Lunar Chronograph |
Jean-Loup Chrétien |
France |
1982 |
Yema |
Spationaute |
Sally Kristen Ride |
USA |
1983 |
Seiko |
A829 |
Bill Nelson |
USA |
1986 |
Casio |
Modèle G-Shock |
John Creighton |
USA |
1990 |
Casio |
Modèle G-Shock |
Bill Nelson |
USA |
1990 |
Casio |
DW-5900 |
Susan J. Helms |
USA |
1993 |
Casio |
DW-5600C |
Thomas Reiter |
Allemagne |
1995 |
Casio |
DW-5900 |
Umberto Guidoni |
Italie |
1996 |
Casio |
Modèle G-Shock |
Zhai Zhigang |
Chine |
2008 |
Fiyta |
Shenzhou 7 |
Scott Kelly |
USA |
2015 |
Omega |
Speedmaster Professional |
Scott Kelly |
USA |
2015 |
Omega |
Speedmaster Skywalker X-33 |
Scott Kelly |
USA |
2015 |
Breitling |
Navitimer |
Scott Kelly |
USA |
2015 |
Breitling |
Heritage Superocean Chronograph |
Thomas Pesquet |
France |
2017 |
Omega |
Speedmaster Skywalker X-33 |